JeanPierre Siméon, agrégé de lettres modernes, est l’auteur d’une vingtaine de recueils de poésie, mais également de romans, de livres pour la jeunesse et de pièces de théâtre pour lesquels il a obtenu de nombreux prix. Il est aujourd’hui directeur artistique du Printemps des poètes et poète associé au Théâtre national populaire.
Publié le 2 mai 2017 Pour chacun, une bouche deux yeux deux mains deux jambesRien ne ressemble plus à un homme qu’un autre hommeAlors entre la bouche qui blesse et la bouche qui consoleentre les yeux qui condamnent et les yeux qui éclairententre les mains qui donnent et les mains qui dépouillententre le pas sans trace et les pas qui guidentoù est la différence la mystérieuse différence ?Jean Pierre Siméon Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous
etla bouche qui console entre les yeux qui condamnent et les yeux qui éclairent entre les mains qui donnent et les mains qui dépouillent entre le pas sans trace et les pas qui nous guident où est la différence la mystérieuse différence ? Jean-Pierre Siméon . Author: Elo Created Date : 1/17/2018 11:44:59 AM
Chaque matin simplement reparlons-nous du bonheur comme chaque matin on remet ses chaussures C’est par ces mots que Jean-Pierre Siméon, fondateur du Printemps des Poètes, éditeur de poésie et poète lui-même a décidé d’ouvrir son recueil Politique de la Beauté, paru en 2016. Nous avons voulu rencontrer l’homme qui est également l’auteur, dans un proche registre, de La Poésie sauvera le Monde ou de Lettre à la Femme aimée au sujet de la Mort pour savoir si la beauté peut véritablement être une politique, et ce que ça voudrait dire. Nous pensions deviser esthétique, lui parlait liberté. Nous croyons que cet entretien, réalisé avant la pandémie de ghrume, redonnera à d’autres le courage voire, si nécessaire, l’envie de vivre, comme il le fit pour nous. La poésie pourrait-elle nous rappeler ce que vivre signifie ? Écoutons. Jean-Pierre Siméon © Le Printemps des Poètes La beauté que l’on croit PostAp Mag. Les temps sont un peu compliqués… Est-ce vraiment le moment de lire de la poésie ou même, d’ailleurs, de s’y consacrer ?Jean-Pierre Siméon. Je suis précisément convaincu que la poésie est nécessaire, utile, voire urgente, dans le contexte d’un monde chahuté, tourmenté… Où tout va mal, quoi. Parce que la poésie incarne, manifeste mais permet aussi de partager, de prendre conscience de ce que l’on appelle généralement la beauté ». C’est un terme attrape-tout, je le sais bien. C’est pour cela que j’essaie de dire, dans ce livre, ce que j’entends, moi, par beauté ». La beauté ce n’est pas, à mon sens, la belle forme, l’harmonie, toutes ces représentations héritées de la tradition, que j’estime enfermantes. Pour moi, la beauté, donc ce que la poésie exprime, c’est quelque chose qui est de l’ordre de l’énergie. De l’ordre de se tenir debout, de se dresser, dans une sorte d’appétit du monde et de la réalité. Ce mot recouvrirait donc un certain nombre de qualités humaines, notamment d’ordre éthique c’est l’énergie, c’est le courage. C’est la lucidité, qui est un courage aussi. C’est le mouvement vers. C’est tout le contraire de l’arrêt, du découragement, du ressassement, de la déception, de l’enfermement dans l’abandon de tout. J’appelle beauté » tout ce qui est mouvement vers, en fait. Et c’est ce mouvement qui fonde, pour moi, l’humain. PAM. La beauté est en nous ? Car on a souvent l’idée d’une beauté immanente, lointaine que les artistes, insuffisamment, piteusement, tenteraient de reconstruire… S. Oui, elle est en nous ! C’est une question immense, bien entendu, et je voudrais d’entrée préciser que je ne la pose pas en tant que philosophe, mais bien en tant que poète je raisonne au plus près de ma propre sensation des choses, et rien d’autre. C’est la limite de ma parole, sa subjectivité, que j’assume, car c’est le fait du poète. Pour moi, la beauté se conquiert, se construit. Le mot beauté » n’a de sens que dans une dialectique de combat, d’une lutte quotidienne, individuelle et collective le combat contre la laideur. Et je nomme laideur tout ce qui est forces antagonistes de l’humain », autrement dit tout ce qui est l’allié de la mort. Toutes les violences faites à l’humain par l’humain et toutes les violences faites à l’homme en l’homme, à la femme en la femme, malgré lui, malgré elle. Tous les démentis de la vie. Toutes les agressions faites à la vie, dans la vie même. Parce que, au fond, notre vie est un combat perpétuel contre le gouffre et l’abîme. PAM. Euh… S. Je pense que tout commence par la catastrophe. Je l’ai dit souvent, je l’ai écrit. La catastrophe de notre mort, pour commencer. Dès que l’on a un peu de conscience… Bébés, très tôt nous vient la conscience de la solitude. Là encore, je ne parle pas en psychanalyste. Je dis ce qu’il me semble. Dès qu’il quitte les bras de ses parents, un bébé apprend la solitude. La solitude de l’enfant qui se trouve, soudain, posé loin des bras, loin de la parole et des yeux, lui est terrible. Et cette solitude-là, cette expérience de la séparation, de la perte, de la dépossession, cette connaissance-là, est physique, première, initiale. C’est un aperçu de la mort et donc, on commence par la mort, d’une certaine façon. Aussitôt qu’on nait. Aussitôt qu’on nait, on prend le sentiment de la perte. De la dépossession. De l’abandon. De la solitude. Il me semble que toute notre vie, à la suite, est faite de la conscience de ça, et de l’effort pour dépasser ça. Effort que la vie sans cesse dément, puisqu’elle propose sans cesse des gouffres, des gouffres, des nouveaux gouffres et encore des gouffres, qui n’arrêtent pas de confirmer que oui, si si, on est bel et bien né dans l’abîme. Vitraux de la synagogue de l’hôpital d’Hadassah par Marc Chagall Détail. La vie à plusieurs PAM. Oui, enfin, quand on écoute un peu ce dont se plaint tout le monde, c’est plutôt de payer trop d’impôts. Ou pas les impôts qu’il faudrait, à la S. Bien sûr. Je vais répondre plus directement mais d’abord, je précise que je parlais évidemment d’un point de vue purement psychologique, du destin de la vie de chacun. De nos proches, qui meurent les uns après les autres, jusqu’à ce que ce soit notre tour. On est mutilé sans cesse comme ça. Et la beauté dont je parle, ce construire-humain » donc, c’est ce qui s’inscrit contre ces mutilations. C’est sans cesse réparer la mutilation, d’abord, et la dépasser, ensuite. Car autant on est mutilé, autant on est augmenté en face. Chaque mort, chaque dépossession, chaque perte, chaque oubli qui nous dépossède… À chaque fois on peut se reconstruire dans l’énergie inverse. Seulement, il faut le vouloir. Il faut pour cela un acte de décision. C’est pourquoi, à sa manière, ce titre, Politique de la Beauté, insiste en réalité sur le mot politique » c’est une action concertée et réfléchie. Mais à la faveur de votre question marrante, il y a quelque chose dont je tiens compte, c’est que ce qui nous empêche d’être humains et de nous accomplir dans l’humanité, c’est tout le reste. Tout ce qui est du domaine du concret et du matériel, c’est à dire de la relation sociale par exemple, la relation à l’autre, du moins telle qu’elle est définie par les fonctions, les rôles, les revenus des uns et des autres, et ainsi de suite. Là où sans cesse, on le voit bien, il y a des humiliations, des amputations, qui tiennent tout simplement à l’ordinaire des mécanismes sociaux. Et puis il y a aussi les grandes oppressions, symboliques, des sociétés religieuses, idéologiques et sociales. Oppressions et des mutilations, là encore. Pour le dire autrement, ou le redire il y a plein de strates d’empêchements et nous sommes sans arrêt au combat. Si l’on veut être une conscience libre, qui se dresse, qui possiblement trouve un sens à sa vie, qui est en accord avec la vie, en accord exact avec la vie c’est cela qu’on appelle le bonheur, c’est pour cela qu’il ne saurait être qu’éphémère et transitoire… Eh bien, tout ça, ça ne se donne pas. Ça n’est pas donné, jamais. Ça ne peut se trouver que dans la conquête et dans le combat. PAM. Le combat ? S. Le combat contre ce que j’appelle la laideur. Toutes les laideurs de l’existence. Qu’elles soient métaphysiques, ontologiques, aussi bien que… Disons, que toutes les merdes de l’existence, quoi. Tout ce qui est violence et agressions contre nos désirs, contre notre volonté d’être bien, libre et de vivre simplement.
Ladifférence Pour chacun, une bouche deux yeux deux mains deux jambes Rien ne ressemble plus à un homme qu’un autre homme Alors entre la bouche qui blesse et la bouche qui console entre les yeux qui condamnent et les yeux qui éclairent entre les mains qui donnent et
Ainsi, il paraît pertinent d’interroger les passerelles qui conduisent d’une œuvre à une autre. Le poème de Jean-Pierre Siméon La Différence in Jean-Pierre Siméon, La Nuit respire, Le Chambon-sur-Lignon, Éditions Cheyne, 1997 est à placer en écho à ce court métrage et doit permettre aux élèves de s’emparer des mots du poète, car derrière ce poème, il y a toute la question de l’être » qui suis-je ? Où suis-je ? Où vais-je ? Et qu’est-ce que le monde en moi, hors de moi ? Qu’est-ce que l’autre, que suis-je par rapport à l’autre ? Il y a là les questions fondatrices, universelles de la DifférenceLa DifférencePour chacun une bouche deux yeuxDeux mains deux jambesRien ne ressemble plus à un hommequ’un autre hommeAlorsentre la bouche qui blesseet la bouche qui consoleentre les yeux qui condamnentet les yeux qui éclairententre les mains qui donnentet les mains qui dépouillententre le pas sans traceet les pas qui nous guidentOù est la différencela mystérieuse différence ?La diction de l’enseignant doit être la plus neutre possible pour autoriser des lectures multiples et conserver la liberté d’interprétation de l’élève. La poésie est livrée plusieurs fois, puis, pour mémoriser, les élèves peuvent dire des mots, des expressions, des vers présents dans la poésie, la dire en écho, répéter chacun des vers, une strophe entière, mentalement ou à haute voix. Ils peuvent également varier le ton, le débit, la hauteur de voix, l’apprendre en questions-réponses, en relais… L’enseignant pourra alors interroger les élèves sur ce qui est commun entre le court métrage et le poème. Le poème de Jean-Pierre Siméon mènera indiscutablement les élèves vers cet autre qui est finalement le même, vers les autres.
Depuisles temps immémoriaux, dans toutes les civilisations, dans toutes les cultures, orales ou écrites, il y eut des poètes au sein de la cité. Ils ont toujours fait entendre le diapason de la conscience humaine rendue à sa liberté insolvable, à son audace, à son exigence la plus haute. Quand on n'entend plus ce diapason, c'est bien la cacophonie qui règne, intellectuelle
Ainsi disait, de façon prémonitoire, Jean Cocteau La poésie est la plus haute expression permise à l’homme. Il est normal qu’elle ne trouve plus aucune créance dans un monde qui ne s’intéresse qu’aux racontars.» En effet, la poésie n’est pas de l’ordre des racontars, en effet elle ne nous raconte pas d’histoires, une autre raison donc de l’exclure dans le hors-champ. … J’en ai été témoin tant de fois la plupart de ceux qui, accoutumés à la langue basse de la logorrhée médiatique et du discours technocratique, entendent un poème à eux offert à l’improviste, remercient. J’ai eu le sentiment parfois qu’ils y retrouvaient une dignité et comme une fierté pour eux-mêmes. Il y a une distinction dans la langue du poème qui est une distinction morale. Or, je me souviens à ce sujet de ce que disait Roland Barthes à propos du théâtre populaire, que la distinction ne devait pas être l’apanage de la bourgeoisie mais être un bien commun et que, au peuple, il fallait le donner en partage. Nous vivons un temps vulgaire la seule écoute d’un poème y objecte. Ceci même le seul fait de dire un poème pour soi-même c’est s’insurger contre la vulgarité du temps et s’éprouver libre par clandestine insoumission. Propager la poésie c’est contester l’assimilation du populaire au vulgaire que l’évolution sémantique de ce dernier terme à travers les siècles énonce. Rendre la poésie populaire, la plus distinguée poésie, c’est venger le peuple de la vulgarité à quoi on le réduit, par le partage de la distinction. Jean-Pierre Siméon, La poésie sauvera le monde, Le Passeur Éditeur, 2015,
Poésie Comptine. PARCOURS PROFESSIONNELS POUR LA LECTURE DE JEUNESSE. Table ronde Mercredi 12 janvier 2005 14h45-16h. Animateur : Raymond LE LOCH, de l'Observatoire national de la lecture. Intervenants : - Michel BESNIER, poète et professeur de lettres - Muriel BLOCH, conteuse, auteur des 365 contes du pourquoi - Jean-Pierre EUGENE,
"Je ferai, oui, l'éloge de la poésie. Sans restrictions. Sans états d'âme. Parce que la poésie n'est justement pas le lieu de la demi-mesure. Je le ferai d'une voix pleine, vive s'il le faut. Parce qu'on ne peut admettre plus longtemps, n'est-ce pas, que les poètes, malgré les révérences qu'on leur fait de loin en loin pour se disculper de la désinvolture et de l'indifférence avec lesquelles on les traite ordinairement, soient renvoyés à leur étrange petit commerce particulier qui n'aurait rien à voir avec les affaires du monde. Je veux faire l'éloge de la poésie pour tous, non pas, voyez-vous, comme un agrément, un ornement de l'existence ou le partage de je ne sais quelle distinction supérieure comme une nécessité vitale."
Introductionde Jean Pierre Siméon 1) « La poésie, pas peur !» p.4 2) Catalogue d’actions proposées aux enseignants par le Printemps des Poètes p. 6 Fiches pratiques pour mettre en oeuvre les actions − donner à écouter, à lire, offrir p. 7 − l'oralité en poésie p. 11 − avec des partenaires – intervenants p. 13 − écrire p. 16 − les prix de poésie p. 17 Le label
23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 1905 Jean Pierre Siméon est né à Paris le 6 Mars 1950. Il est l’auteur de cinq romans, de livres pour la jeunesse, de huit pièces de théâtre et de recueils de poésie. Il est l'auteur du livre La nuit respire qui est un recueil poétique. L'image qui illustre la première de couverture est sombre, inquiétante, la couleur bleue est dominante mais il y a aussi u n peu peu de beige. L'image nous aide à comprendre le titre La Nuit respire car le bleu représente la nuit et le beige les nuages, l’air, la respiration. Martine Mellinette est l'illustratrice, elle a utilisé la technique du collage. Dans des poèmes de ce livre nous avons ressenti des émotions et perçu des sensations La couleur Les couleurs de l'invisible » La nuit La nuit respire » Le silence Apprenti du silence » Voici quelques exemples de poèmes de ce recueil Les Couleurs de l’invisible Je vous dirai la couleurdes choses invisiblesla couleur qu'on entendla couleur qu'on respireLa guirlande bleue du violonet la pourpre des guitaresle vert profond du ventdans le soiret l'or fragiled'une caresseJe vous dirai la voix perduedans l'indigo des solitudeset le calme orangéprès des yeux doux qu'on aimeJe vous dirai l'arc-en-cielqui naît en vousde la patience et de l'oublide la défaite du silenceet du geste réconciliécar comme vous j'aime et je visdans l'arc-en-ciel de mes songes. La nuit respire La nuit respire Qui va qui vient Qui rôde et nous regarde Dans les failles de la nuit ? Le vent traque un loup d'ombre Sur les murs Des oiseaux frôleurs Ferment leurs ailes froides Sur la lune La ville s'égare Dans ses futaies de pierre La nuit respire Et nous dormons tranquilles Les yeux dans l'aube Publié par Lucie, Doriane, Mathis et Dylan, 5D - dans S
JeanPierre Siméon a commencé à écrire de la poésie il y a une trentaine d’années et il n’a plus jamais cessé. Mais loin d’être un auteur retiré de toute vie sociale il s’y est engagé pleinement : enseignant et formateur, directeur de collections, puis directeur du Printemps des Poètes, structure autour de laquelle il a su fédérer les talents. Son but : transmettre sa
Poésie la différence. Pour chacun une bouche deux yeux deux mains deux jambes Rien ne ressemble plus à un homme qu'un autre homme Alors entre la bouche qui blesse et la bouche qui console entre les yeux qui condamnent et les yeux qui éclairent entre les mains qui donnent et les mains qui dépouillent entre les pas sans trace et les pas qui nous guident où est la différence la mystérieuse différence? Jean-Pierre Siméon
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poésie la différence de jean pierre siméon